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Interview de Rian Dundon par Yuhui Liao-Fan.

 

Yuhui Liao-Fan: Qu’est ce que c’est « la photographie » pour vous ?

Rian Dundon: Photographier pour moi, c’est avoir un rôle actif dans le monde. Cela signifie un dévouement à la poursuite de quelque chose de significatif. Et cela signifie qu’il faut se confronter avec des notions de vérité qui ne sont pas toujours confortables ou qui déterminent des avantages tangibles. Photographier veut dire atteindre un état de vulnérabilité dans soi et reconnaitre la même vulnérabilité dans les autres.

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Yuhui Liao-Fan: Est-ce que vous pouvez écrire une introduction biographique ?

Rian Dundon: Je suis né à Portland, Oregon en 1980. Le 23 décembre. J’ai grandi à Monterey, en Californie et obtenu un diplôme de licence de la New York University (photographie et images : 2003). J’ai vécu en Chine de façon intermittente entre 2005 et 2010 en travaillent comme photographe et consultant. Je suis actuellement étudiant de master à l’Université de Californie, Santa Cruz (Documentaire social : 2012).

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Yuhui Liao-Fan: Quel est votre histoire de photographe ?

Rian Dundon: J’ai commencé à photographier à l’école secondaire mais c’est devenu une poursuite à temps plein depuis peu de temps après. À un certain moment, quand j’étais à la fac, j’ai rétréci mon objectif et décidé de travailler sur plusieurs projets documentaires de longue durée. La plupart de mes travaux en cours sont encore ce type de photographie documentaire socialement engagé. J’utilise la photographie comme une forme d’observation participante et comme un moyen d’entrer dans une réalité sociale différente de la mienne.

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Yuhui Liao-Fan: Pouvez vous décrire votre travail ? Comment définiriez vous vos photographies ?

Rian Dundon: J’essaie d’étreindre les gens avec mes photos, en essayant dans mon travail de me tenir aux gens eux mêmes. C’est peut-être impossible, mais dans mes photos je suis toujours en train de pousser vers une certaine profondeur de sens intime. Je cherche désespérément quelque chose que je sais que je pourrais ne jamais trouver.

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Yuhui Liao-Fan: Comment vous approchez les inconnus ? Vous leur demandez si ils acceptent de se laisser photographier ou vous essayez de ne pas vous faire remarquer ?

Rian Dundon: C’est toujours différent, mais en général, j’essaie d’apprendre à connaître les gens que je photographie. Je ne me cache pas : il y a toujours une sorte d’interaction ou de relation entre nous.

Yuhui Liao-Fan: Quel est leur réaction typique ?

Rian Dundon: Je crois que la plupart des gens aiment sincèrement qu’on les prenne en photo.

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Yuhui Liao-Fan: Est-ce que vous pensez que le fait d’être étranger fait en sorte que ça soit plus facile de prendre des photos de gens ? Ou c’est plutôt l’inverse ?

Rian Dundon: J’essaie de ne pas être un étranger. Les gens que je photographie sont des personnes avec lesquelles je passe beaucoup de temps et qui deviennent très proches. Être un étranger dans un pays étranger est difficile, mais il me permet aussi de m’ouvrir à de nouvelles personnes et d’expériences d’une manière qui est difficile de réaliser à la maison.

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Yuhui Liao-Fan: Dans votre série « la jeunesse chinoise » vous explorez l’expérience des jeunes en Chine continentale. Pensez-vous qu’il existe une différence fondamentale entre eux et les jeunes du monde occidental ? Ou -au contraire- tous les êtres humains partagent aujourd’hui la même expérience de base ? Est-ce que les différences géographiques restent importantes ou le monde est désormais globalisé ?

Rian Dundon: Ce projet voulait explorer les thèmes universels de la jeunesse et de l’identité: pas nécessairement juste ceux qui sont engendrés par la mondialisation, mais l’expérience plus émotionnelle que nous partageons tous. Cela étant dit, je pense qu’il y a beaucoup de facteurs importants qui façonnent et qui différencient les conditions de vie des jeunes Chinois. Il n’y a pas une identité unique de la jeunesse chinoise, mais je pense que les influences socio-politiques ont contribués à façonner et dicter la structure et l’expérience de cette génération de jeunes chinois en particulier.

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Yuhui Liao-Fan: Votre travail montrent parfois des situations difficiles. Par exemple « La dépendance à Kunming » raconte l’histoire d’addiction à l’héroïne et la diffusion du SIDA dans la province du Yunnan. Ici, en Europe, nous avons par fois l’impression que le gouvernement chinois tend à contrôler toutes les informations et cacher les nouvelles négatives. Avez-vous subi une forme quelconque de pression de la part des autorités? Comment avez vous fait face à cette question?

Rian Dundon: Je n’ai jamais eu de pression ou menaces du gouvernement chinois. L’ouvrage traite de Yunnan avec des questions difficiles, mais ce n’est pas explicitement critique envers la politique de l’État.

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Yuhui Liao-Fan: Pouvez vous décrire votre travail ? Comment définiriez vous vos photographies ?

Rian Dundon: C’est que de la pellicule. Je ne manipule les photos que de façon très minimale, en essayant de garder la plupart des tons d’un tirage ou une numérisation. Toujours sans recadrage (ou presque). Je photographie à peu près tout avec un seul objectif et un seul appareil. J’essaie de minimiser les variables technologiques dans mon travail. Ce processus fonctionne pour moi, il garde les choses simples.

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Yuhui Liao-Fan: Est-ce que les aspects techniques que vous venez d’évoquer sont importants ou ce qui compte n’est que le résultat final ?

Rian Dundon: Bien sûr, les résultats finaux dépendent des aspects formels et techniques, ainsi que des aspect théoriques. Tout est aussi important. Dans les arts plastiques la façon dont nous créons physiquement un produit final est aussi important que les idées derrière celui ci. Un ne peux pas exister sans l’autre.

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Yuhui Liao-Fan: Pouvez-vous décrire plus en détail votre relation avec la Chine?

Rian Dundon: Comme je l’ai dit, j’ai vécu en Chine de façon intermittente entre 2005 et 2010, d’abord dans le Hunan et plus tard à Beijing et à Shanghai. A l’origine ma copine avait obtenu un emploi là-bas alors j’ai déménagé avec elle. J’aime beaucoup la Chine et je parler de façon compréhensible le mandarin. Je continue a aller en Chine en raison des bons amis que j’ai rencontré las-bas au fil des ans. Et la bouffe est très bonne.

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Yuhui Liao-Fan: Est-ce que en Chine est fondamentale de vivre dans une très grande ville ou -par exemple grâce à internet- la ville dans la quelle on habite n’est plus un choix obligé ?

Rian Dundon: Beaucoup d’endroits sont intéressants, uniques et important en eux mêmes. Certaines personnes préfèrent vivre dans les grandes villes, certains à la campagne. L’Internet n’a rien à voir avec la réalité tactile d’habiter un lieu.

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Yuhui Liao-Fan: Est-ce que vous pensez que c’est important d’avoir un site internet ? Est-ce que il est est fondamental qu’il soit traduit en diverses langues ? Comment internet contribue à la diffusion de la photographie contemporaine ?

Rian Dundon: Avoir un site web n’est pas aussi important que faire des tirages et les regarder en vrai. L’Internet permet à nos travaux d’être vus par un vaste public transnational. Mais au fur et à mesure que ce public devient insensible aux subtilités des photographies, cela veut dire que Internet peut également déprécier l’impact de nos images. Je pense que aujourd’hui les gens sont moins capables d’établir des connections avec des photos. Nous voyons trop d’images (et en tant que photographes, nous produisons trop de photographies). Notre sens de la vue s’est émoussé. Je pense que les photographes doivent faire moins de photos, mais plus intelligemment. Nous avons besoin de passer plus de temps à regarder nos images et penser à ce qu’elle veulent dire avant de les jeter sur l’Internet. Réalisez d’abord des tirages, puis inquiétez vous au sujet d’un site web.

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Yuhui Liao-Fan: Quel sont vos sources de références pour la photographie contemporaine chinoise ?

Rian Dundon: Three Shadows Photography Art Center à Beijing.

Yuhui Liao-Fan: Quel sont vos sources de références pour la photographie contemporaine chinoise ?

Rian Dundon: Zhang Hai’er. Intimité et proximité avec les gens. Je n’ai connais pas la totalité de son travail, mais ce que j’ai vu est vraiment beau. Li Yu and Liu Bo. Leur projet « 13 months in the year of the dog » est fascinant. Zhou Hai. Atmosphère.

 

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