Texte et photos de Marie Broyer.

 

Du haut de mes seize années, et ce laps de temps me paraît bien court, j’ai appris beaucoup de choses. Je partage ici quelques leçons essentielles. La première, faire ce que je souhaite faire de ma vie. La seconde, toujours croire en mes choix, même lorsqu’ils semblent étranges, et la dernière, ne jamais renoncer.

Lorsque j’eus l’audace, il y a de cela quelque temps, d’envoyer un message, je n’espérais aucune réponse. Pourtant, et voici encore une autre leçon, surprise ! Une réponse, découverte sur mon smartphone, en cours de Littérature, une réponse qui me fit sourire béatement toute la journée, tout simplement la réponse me proposant de soumettre quelques unes de mes photos. Du haut de mes seize ans, j’ai l’ambition, l’espoir de faire de belles photos. Ne vous méprenez pas, l’orgueil est ma hantise, je ne crois pas encore faire des photos d’art, simplement des photos de la vie quotidienne d’une jeune fille, en internat militaire. Trop souvent, au fil de mes visites sur de multiples blogs, j’ai réalisé que les objets de la vie quotidienne, les objets qui font, en somme, toute notre humanité, sont délaissés, laissant place à, parfois, des photos d’allure vides, sans sentiment. J’espère, le temps de votre lecture, pouvoir vous faire voyager au delà des codes, des règles, des barrières, afin que vous admiriez la vie. Simple. Belle. Surprenante.

Photo de Marie Broyer (5)
© Marie Broyer

Pour les besoins de cet article, j’ai sélectionné un petit échantillon de photographies, mettant en scène, chacune à sa manière une parcelle de vie. Laissez donc vos préjugés pour d’autres, laissez vous surprendre. Apprenez que, chaque jour, la surprise se fait plus grande, et laissez-vous emportez par ma vision du monde. Elle pourrait vous sembler bien manichéenne, mais je crois fortement qu’en chaque être réside une part de mal, plus ou moins égale à une part de bien. Notre monde, notre société, obéit à des règles, à des critères que vous même chaque jour vous acceptez. Tout cela est régi d’une manière si parfaite, et si laide que cela en deviendrait robotique.

Face à cette robotisation, la vie simple de tout les jours disparaît, s’efface peu à peu, tant elle est habituelle pour nous autres, être humains. Voilà pourquoi la première image choisie, soit celle apparaissant en tête d’article, représente une collection de livre. Ceux-ci appartiennent à mon père. Ces livres, tous des Jules Verne, parlent pour certains de voyages extraordinaires, dans des lieux tous plus incroyable les uns que les autres. Les voyages, voyez-vous, nous permettent de nous évader, des nous échapper de notre vie, trop monotone, rythmé par l’inlassable métro-boulot-dodo, et ces livres, simples objets de nos vies, nous rappellent qu’elle doit être vécue comme un voyage, avec pour seule ligne de conduite, vivre, et pour seul but, mourir.

Photo de Marie Broyer (4)
© Marie Broyer

La photographe amateur que je suis a toujours sur elle un appareil lui permettant d’immortaliser une seconde, unique, de sa vie. Le cliché ci-dessus fut pris par une tiède journée de début de printemps, alors que les fleurs peu à peu, tour à tour éclosent. Cette plante majestueuse qu’est la fleur représente, à plus courte échelle néanmoins, la vie humaine. Peu à peu elle accroît, de fines tiges deviennent branches, et cet instant, indescriptible, pendant lequel le bourgeon mute. Je vois cela comme une forme de mutation, un changement lent, progressif, révélant une incroyable beauté, invisible à l’homme d’affaire, à la femme surmenée. Pour pouvoir être capable d’admirer la beauté de la vie, il faut savoir prendre son temps. Se hâter n’est jamais bon, trop de choses sont à voir chaque jour, et tant des ces choses sont invisibles à ces êtres formatés. Pour obtenir ce cliché, il a fallu patience et passion, mais il a surtout fallu espoir. Car la beauté de la vie reste invisible à ceux dont l’espoir s’est enfui.

Ce cliché représente bien plus qu’une fleur, il représente la beauté incroyable présente à chaque instant.

Photo de Marie Broyer (3)
© Marie Broyer

Cette photographie fut prise il y a peu de temps, dans mon cher lycée militaire de St Cyr l’École. Par un temps pluvieux et froid, résignée à passer une heure de mon temps dans une grande salle, glaciale, entièrement ouverte par le biai d’immenses fenêtres, je me surpris à admirer l’agencement des tables et chaises. Il y régnait un tel ordre, une telle perfection que cela me semblais irréel. Le cliché, une fois pris, révéla que cet air parfait n’était qu’une illusion. Le désordre régnait et la perfection périssait sous l’œil brûlant de mon appareil. Un être normal passerait à coté des ces chaises, peut être ne les verrait il même pas. En les photographiant j’ai pu me rendre compte de ce qu’était, ou non, la normalité , car après tout, qu’il y a t’il de plus banal que ces quelques chaises et tables d’écoliers ? En les observant attentivement, vous vous rendrez vite compte qu’une seule chaise est à sa place : face à sa table, comme le veut la règle. Pourtant, une autre est plus orientée vers l’ailleurs, comme si, brusquement, un mouvement avait été interrompu, pour ne laisser place qu’à un grand désordre, un grand désarroi.

Photo de Marie Broyer (2)
© Marie Broyer

Lorsqu’il s’agit de banalité, nous autres, êtres humains, avons tendance à oublier l’un des actes les plus indispensable, hormis bien sûr manger, boire et respirer. Je vous parle ici du sommeil. A mon âge, le sommeil peut parfois jour le rôle du meilleur ami, mais d’autre fois il peut être plus contraignant. Il nous manque perpétuellement, nous le supplions longuement durant les interminables heures de cours, mais nous le rejetons, effroyablement, une fois la nuit tombée. Il nous est impossible de lutter contre lui lorsqu’il nous assomme, mais pourtant, aussi étrange et stupide peut vous paraître cette réflexion, je crois que le sommeil est indissociable du temps qui passe. Je m’explique : plus le temps passera vite, moins nous aurons envie de dormir car, au fond de nous même, nous attendons encore quelque chose d’une journée si rapidement écoulé. Inversement, lors d’une longue journée de dur labeur, souvent appelée journée d’école, nous sommes épuisés en permanence. Dans notre quotidien, le sommeil nous entoure. Demain, ouvrez réellement vos yeux, observez autour de vous. N’y a t’il pas là un homme qui baille, à s’en décrocher la mâchoire ? Et ici, une femme tentant maladroitement de profiter de quelques minutes de repos avant une réunion ? Et vous même, n’avais vous donc jamais lutter contre l’envie de fermer les yeux, de vous laisser entièrement à Morphée ?

Photo de Marie Broyer (1)
© Marie Broyer

Venons en à la fin, c’est à dire ce dernier cliché. Voici ce qui m’a permis de prendre les quelques clichés précédemment décris. Cet appareil n’est pas le mien. Je ne crois pas que la bonne photographie est dû à un bon appareil, je crois plus sérieusement qu’il faut avant tout penser et imaginer le cliché pour pouvoir ensuite le produire. A mon jeune âge je possède un petit appareil numérique, ainsi qu’un smartphone. Quelque fois, mon père me permet d’utiliser le sien, soit celui montré ici. Chaque jour, j’ai en ma possession de quoi me permettre de prendre des clichés. Je ne photographies pas que des objets, je ne fais pas non plus des photographies d’art, je me contente simplement de photographier ma vie. Il est important, je crois, de se forger un souvenir, un souvenir gravé à jamais à l’aide d’un ou plusieurs clichés. Nous ne savons jamais de quoi demain sera fait, il est donc important d’observer, puis conserver la beauté du quotidien. L’appareil photo ne permet pas seulement de prendre un moment unique et de l’enregistrer, il permet à quiconque le souhaite de se forger un souvenir, à tout moment, sur n’importe quoi.

Le but de cet article, croyez le ou non, était de faire réfléchir sur ce quotidien si habituel, pour qu’il devienne, le temps d’une journée, inhabituel. Aujourd’hui, alors que je termine de rédiger cet article, je m’approche de mon dix-septième anniversaire. Voilà déjà presque dix-sept ans que je me laisse surprendre par mon quotidien, pourquoi pas vous ?

 

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