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Interview de Madi Ju par Yuhui Liao-Fan.

 

Yuhui Liao-Fan : Qu’est ce que c’est « la photographie » pour vous ?

Madi Ju : Pour moi, il s’agit d’une auto-thérapie.

Yuhui Liao-Fan : Est-ce que vous pouvez écrire une introduction biographique ?

Madi Ju : Originaire de Wu Han, j’ai étudié le français à Guangzhou. J’y ai travaillé pendant un an, ensuite je suis partie en voyage au Népal tibétain. A mon retour, j’ai déménagé à Xiamen, un an après, à Pékin. Entre temps, je travaillais dans l’édition des magazines. La photo est une passion ou un profession auxiliaire.

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Yuhui Liao-Fan : Quel est votre histoire de photographe ?

Madi Ju : Lorsque j’étudiais à Guangzhou, je suis entrée en contact avec le magazine Visual Networks de la compagnie Coldtea et surtout rencontré le rédacteur en chef et photographe, Alex So. Et c’est de cette manière que j’ai commencé la photo.

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Yuhui Liao-Fan : Pouvez vous décrire votre travail ? Comment définiriez vous vos photographies ?

Madi Ju : Je pense que j’utilise la photographie pour observer la vie et créer des liens sociaux. Mes travaux ont beaucoup de significations pour moi, ils m’ont aidé à corriger les problèmes de caractères. Je réfléchis sur des question de la vie à travers ce moyen, c’est pour cela que la photographie est une auto-thérapie.

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Yuhui Liao-Fan : Vous dites que la photographie est une auto-thérapie, qui vous aide à corriger vos problèmes de caractère. Est-ce que vous pouvez approfondir ce point ?

Madi Ju : Beaucoup de gens voient pour la première fois mes photos pourraient penser que je suis assez folle. Mais dans la vie quotidienne, je suis une personne assez calme. Peut-être c’est parce que les photographies compensent les choses que je n’arrivent pas à réaliser physiquement, en tout cas, faire de la photo me permet d’ouvrir réellement mon cœur, que cela soit ma relation avec d’autrui ou ma façon de vivre.

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Yuhui Liao-Fan : Vous dites aussi que la photographie aide à créer des liens sociaux. Est-ce que vous photographiez uniquement vos amis et la photographie est un support qui permet de créer des liens encore plus forts ? Ou grâce à la photographie vous rencontrez des inconnus avec les quels vous tissez des nouveau liens ?

Madi Ju : La plupart du temps, je ne photographie que les gens que je connais, mais parfois, je photographie aussi des gens que je ne connais pas. Cela n’arrive que s’il y a une certaine connexion qui se produit au moment opportun avec la personne concernée. La photo est juste un médium, non pour m’aider à connaître plus de gens, me faire des amis ou de créer des liens sociaux. La photographie est surtout une partie intégrante de ma vie, qui me permet d’avoir un lien plus intime avec la monde.

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Yuhui Liao-Fan : Est-ce que vous pensez que vos photos ont une connotation narrative ? Est-ce que la personne qui regarde vos photos grâce à celles-ci peut avoir un accès à votre vie et comprendre votre histoire ? Ou vous et les personnes dans vos photos vous étés les seuls qui peuvent accéder au contenu narratif des images ?

Madi Ju : J’aime l’idée de raconter une histoire à travers la photographie, j’espère aussi que les gens arrivent à voir une histoire à travers elle. Après, que les gens arrivent à voir de quelle histoire s’agit, cela ne me concerne pas nécessairement, car dès l’instant où la photographie s’est séparée de moi, la façon dont elle est interprétée et comment est-elle interprétée n’est plus sous mon contrôle.

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Yuhui Liao-Fan : Est-ce que vous pensez que vos photos ont une valeur historique, sociologique et documentaire car elles représentent la vie des jeunes chinois d’aujourd’hui ? Ou ce qui est important est votre implication personnelle, vos souvenirs et vos amitiés ?

Madi Ju : Je ne réfléchis pas de cette manière, mais je pense que les photographes qui photographient la Chine et la jeunesse chinoise actuelles, pourront laisser quelque chose aux valeurs que vous venez de citer. Ceci ne se réalisera que si nous y mettons tous.

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Yuhui Liao-Fan : Dans vos photos vous utilisez l’esthétique propre aux photos instantanés. Est-ce qu’il s’agit de véritables instantanées prises sur le vif ? Ou vous utilisez juste le langage de la photographie instantanée mais il s’agit d’images plus étudiés ?

Madi Ju : En effet, elles sont pour la plupart réalisées en temps réel sur le vif. Parfois, lors de la prise de photographies commerciales, il y a besoin de recréer une beauté semblable à celle de la réalité à l’instant présent, mais souvent, cet instant en soi, me paraît pâle. Je pense cela est du à mon penchant pour la photographie qui arriver à saisir la richesse et le réalisme des instants passés.

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Yuhui Liao-Fan : Est-ce que vous pouvez dire quelque mots sur votre technique ?

Madi Ju : J’ai commencé par des appareils automatiques et manuels d’occasion. J’ai rencontré par mal de soucis du au posemètre. Mais au départ, je photographiais pour le plaisir, ne me souciant point de la technique, ni de la précision d’exposition. Par la suite, j’ai commencé à remplacer les équipements voulant trouver plus de sensation à mes photos. Actuellement, j’utilise le Leica M6 et le Canon 5DII. Ils sont à la hauteur de mes exigences, j’en suis satisfaite. Je fais quelques simple travail de retouches mais cela reste très minime. Généralement, un style personnel se transmet et est accompli lors de la prise de vue.

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Yuhui Liao-Fan : Est-ce que les aspects techniques que vous venez d’évoquer sont importants ou ce qui compte n’est que le résultat final ?

Madi Ju : Pour moi, les messages que je souhaite transmettre sont plus importants dans mes travaux actuels. Je pense que l’aspect techniques est tout aussi important, mais c’est une question de goût. Personnellement, c’est une question d’étape.

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Yuhui Liao-Fan : Est-ce que vous pensez que la photographie contemporaine chinoise est différente de celle occidentale ? Si oui quelles sont ces différences et comment les expliquait vous ? Est-ce que vous pensez qu’on peut parler d’une « école chinoise » ou la photographie aujourd’hui est globalisée ?

Madi Ju : A ma modeste connaissance, je trouve que la photographie américaine mette l’accent sur le documentaire et sur la recherche d’une sorte d’extravagance. Europe est particulièrement centrée sur l’expression des concepts. La Chine se tâtonne encore, mais s’approche d’avantage du modèle américain. Il y a même des artistes de performance qui se sont convertit en photographes d’art. Je pense qu’il n’y ait pas trop d’intérêt à délimiter les genres. Cependant, dans le contexte, j’en suis ravie de constater que la plupart des photographes chinois cherchent consciencieusement à réfléchir sur notre propre vie.

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Yuhui Liao-Fan : Qu’est ce que vous plait et vous déplait dans la photographie contemporaine chinoise ?

Madi Ju : J’espère que la photographie contemporaine chinois soit un peu plus diverse, surtout dans le milieu des galeries et au niveau des critiques de diffusion – On pourrait être plus souple.

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Yuhui Liao-Fan : Est-ce que vous avez un vœu ou un rêve photographique, tant pur ce qui vous concerne que pour la photographie contemporaine chinoise ?

Madi Ju : Idem à ce que je viens de citer ci-dessus. Personnellement, j’espère aller plus loin, être plus sauvage dans ma photographie et mes réalisations.

Yuhui Liao-Fan : Est-ce que en Chine est fondamentale de vivre dans une très grande ville comme Pékin ou Shanghai ou -par exemple grâce à internet- la ville dans la quelle on habite n’est plus un choix obligé ?

Madi Ju : Je n’ai jamais considéré cela comme une condition de base. De plus, il faut voir s’il s’agit de la photographie commerciale, documentaire ou artistique. Il y a énormément de photographes qui habitent à Chengdu, Harbin, ou voyagent constamment.

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Yuhui Liao-Fan : Est-ce que vous pensez que c’est important d’avoir un site internet ou un blog ? Est-ce que il est est fondamental qu’il soit traduit en diverses langues par exemple en anglais ? Comment internet contribue à la diffusion de la photographie contemporaine chinoise ?

Madi Ju : Il faudrait parler de cela sur le plan de la promotion et de la publicité. Beaucoup de mes lecteurs (étrangers) me connaissent grâce à l’internet. L’anglais est un moyen de diffusion. Mais il y a aussi des photographes qui ne pensent qu’à créer et non à diffuser et à promouvoir leur travail. L’idéal c’est qu’il y ait un dispositif de gestion et de promotion afin de mieux aider les photographes à se concentrer que sur la création artistique. Pour le moment, je suis favorable à internet, j’espère que les gens s’en servent d’avantage.

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Yuhui Liao-Fan : Quel sont vos sources de références pour la photographie contemporaine chinoise ?

Madi Ju : 3030 devrait avoir sorti un livre concernant la photographie contemporaine. Il y a aussi Fotoyard et les blog sur web comme Simple Style, Jia Zazhi, Gongchan Shaonian Tuan, 1416 Jiaoshi, Ren Yue, etc.

Yuhui Liao-Fan : Quelque nom de photographes chinois que vous appréciez particulièrement et pourquoi ?

Madi Ju : Zhang Jun Gang et Li Jie qui habitent à Harbin. Je m’intéresse personnellement à la culture des jeunesses. Selon moi, ils sont avant-gardistes sur le travail de la vie des jeunes, ils ont réussi à photographier la vie réelle des jeunes chinois. Leur transformation/évolution antérieur représente une réflexion modeste et idéaliste.

J’aime aussi beaucoup les photographes Shanghaiens Qin Touyi et Niaotou. Le travail de Qin Touyi correspond totalement à l’esprit et l’esthétique que j’aime, Niatou est une sorte de poésie de la rue que je n’arrive pas à attendre, ces sont des photographes extrêmement violents, j’aime vraiment beaucoup.

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