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© Roland Cabon

Texte et photos suivantes par Roland Cabon.

 

J’ai été initié très jeune à la photo par mon père. Après des études en photographie à Paris, je me suis lancé dans le métier en me spécialisant dans la photo d’architecture et de décoration. Tout en continuant mon métier de photographe, je suis arrivé au graphisme. De studios de design en agences de publicité (à Paris, Aix-en-Provence et finalement à Montréal), j’ai été graphiste, directeur artistique, journaliste, organisateur d’événements pour les artistes, puis finalement, rédacteur en chef de magazines spécialisés. Pour assouvir mon manque de créativité visuelle, je tenais donc à renouer peu à peu avec la photographie, mon premier métier.

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© Roland Cabon

C’est grâce à mes séries d’études sur le nu, que je recommence en 2000 à travailler sérieusement la photo. Véritable retour aux sources pour moi, mes nus devaient être aussi un retour à la simplicité. Sans artifices souvent inutiles et parfois dérangeants (sinon vulgaires) ni d’effets spéciaux à l’ordinateur, j’ai juste cherché à représenter la beauté du corps sans fard et la pureté de ses formes graphiques. D’ailleurs l’influence du graphisme est perceptible dans chacune de mes compositions non recadrées ultérieurement et souvent travaillées d’après mes propres croquis.

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Ombres et lumière

Cette série d’une soixantaine de photos a été exposée plusieurs fois à Montréal. Elle a également été présentée sur la chaîne de télévision française FR3 et a fait l’objet d’une exposition au 5e Festival européen de photo de nu d’Arles en 2005. L’éditeur allemand Bucher (Berlin) a publié en 2006 des images de la série dans un livre collectif, The Best of Black and White EroticPhotography.

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Les cadrages sont originaux : la plupart des photos étant réalisées d’après des croquis précis et dessinés avant la prise de vue. Les images en noir et blanc et le travail d’éclairage soulignent ma volonté de réaliser des images classiques tout en douceur.

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L’envol

Du décollage à l’atterrissage, cette nouvelle série est une quête en apesanteur vers la liberté totale et la plénitude. Un refus de la noirceur et des tabous qui nous entourent. Malgré les battements d’ailes, le décollage n’est parfois pas facile… Une fois là-haut, les modèles flottent planent, se déconnectent de notre réalité jusqu’à la plénitude.

Ces anges sans fausse pudeur, nous conduisent vers la liberté absolue. L’atterrissage, le retour au réel, est parfois brusque, parfois serein selon le message qu’on y perçoit. Ce voyage aérien sans tabous nous guide vers nos rêves et nos fantasmes. À nous de trouver le moyen de décoller…

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La série L’Envol est en cours et sera le sujet d’une exposition d’une cinquantaine de photos qui ont été réalisées en studio d’après croquis et sans trucages informatiques. Ces simulations de vol ont représentées beaucoup de préparation, de travail et de complicité avec les modèles. La photo présentée ici est un clin d’œil à la pochette de disque du groupe Nirvana, Nevermind.

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La Fuite du quotidien

Je travaille aussi de temps à autre sur une autre série d’images qui sont traitées comme de petites histoires humoristiques en 8 à 12 photos où la nudité sans fausse pudeur devient le symbole de la liberté absolue. Cette Fuite du quotidien est un clin d’œil sans prétention. Elle représente pour moi un refus de la grisaille et des tabous qui m’entourent. C’est un peu ma façon de contrer la violence omniprésente dans notre quotidien. C’est d’ailleurs le message que je veux passer à travers toutes mes photos : la nudité et la beauté contre la violence et l’hypocrisie. Ma façon de résister !

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Complicité

J’ai d’autres projets en cours que je réalise peu à peu et surtout en fonction des modèles que je rencontre. Je cherche toujours des modèles qui participent, amènent leurs idées et critiques. Mes images sont un travail d’équipe et je considère, dans ce cas, que les images sont autant celle du photographe que celles du modèle.

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Trouver LE modèle n’est pas chose aisée. Il y a la rencontre fortuite et bien rare et le contact via des sites spécialisés. Je privilégie toujours la première solution mais il faut se fier uniquement à la chance et… au culot du photographe ! La seconde solution peut paraître plus facile, mais est parfois sujet à des désillusions et à du temps de perdu.

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Je ne cherche pas la beauté parfaite, ni la grande expérience du modèle. Je cherche surtout le modèle qui à travers sa personnalité amène une étincelle aux prises de vues. Avec une débutante, on retrouve souvent la gêne, la timidité, l’espièglerie avec des expressions qui font tout le charme d’une photo réussie. Je ne cherche pas la femme objet ou sans défaut, mais le modèle naturel qui transmet un message avec ses yeux. Nudité ou pas, le regard est primordial pour moi.

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Je rencontre toujours les modèles avant un shooting afin de parler des projets mais surtout pour voir s’il y a un feeling qui passe et voir si l’on est sur la même longueur d’onde. Si rien ne se passe, on oublie ça et je continue ma quête de modèles… Cela permet de briser la glace, d’éviter les quiproquos et de gagner bien du temps lorsqu’arrive le temps de la prise de vues.

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Pour moi, le nu n’est pas chose facile, c’est un exercice de concentration où j’extrapole les émotions et les sentiments surtout dans les premières minutes où l’on découvre le corps que l’on n’a jamais vu. Pour bien se faire, il doit y avoir une complicité dans le travail avec le modèle et une confiance absolue. D’un côté comme de l’autre.

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Plusieurs de mes modèles étaient des actrices ou danseuses professionnelles au moment des séances de photo. Pour deux ou trois d’entre elles, ces séances ont été, selon elles, comme une thérapie afin de briser leur trac sur scène. Plus tard, elles sont revenues d’elles-mêmes pour participer à d’autres sessions. Belle confiance et preuve que les séances se passent bien ! Le plus beau cadeau que j’ai reçu a été de voir trois anciens de mes modèles devenus de très bonnes amies depuis, me contacter afin de faire des photos d’elles une fois enceintes puis une fois mamans… Des moments privilégiés et de superbes souvenirs à la clé.

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Personnalité

La personnalité du photographe est très importante. La transparence de ses propos aussi. Tout prévoir à l’avance, montrer ce que l’on veut faire et faire ce que l’on a décidé ensemble. Être clair, précis. Un contrat net qui respecte les désirs du modèle et, si demandé, son anonymat. Pas de mauvaises surprises. Bien entendu, on peut toujours compter sur une part d’improvisation de dernier moment lors du shooting qui aboutira parfois au meilleur cliché de la session.

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© Roland Cabon

La perception que le modèle a du photographe est primordiale. Pour moi, mon expérience de ce genre de séances photo et mon âge sont un atout. Passé la cinquantaine, marié, ayant des grands enfants, je suis plutôt rassurant pour un modèle qui a souvent entre 18 et 25 ans ! Ma personnalité est aussi un avantage, j’arrive à persuader et à mettre en confiance assez facilement. Il faut avoir une dose de psychologie et savoir s’adapter soi-même à la personnalité du modèle. Ne pas oublier l’ambiance ! Un endroit chaleureux (si la séance est en studio), des croissants tout frais, de la musique au goût du modèle et une bonne dose d’humour et le tour est joué !