Portrait – Camera Obscura /fr A blog/magazine dedicated to photography and contemporary art Fri, 22 Jan 2016 13:24:38 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=4.5.2 A bas le temps, par Adeline Mai /fr/2011/adeline-mai/ /fr/2011/adeline-mai/#comments Fri, 03 Jun 2011 05:59:58 +0000 /?p=4464 Related posts:
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Adeline Mai (12)
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Texte et photos par Adeline Mai.

 

A bas le temps qui m’échappe, fuit, s’envole. A bas le temps qui m’impatiente. A bas le temps qui me fait oublier. A bas le temps qui emporte les gens.

A bas le temps ; le mécanisme de mon appareil photo permet de fixer ce qui n‘existe réellement qu’un instant. A bas le temps, je le rattrape, et j’observe mes images, les fantômes qui sont dessus, ces revenants. Ces moments inexistants dans le présent. C’est pourquoi j’aime employer le mot medium photographique.

Adeline Mai (14)
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Huit ans. Un jetable, entre mes mains, pour mes premiers voyages. Comme « NY est grandiose. » Les yeux grands ouverts, je dois me souvenir de tout. Si seulement mes yeux étaient une camera, à mémoire infinie. Les buildings sont si hauts, je suis si minuscule. Je suis frustrée je ne peux capturer les odeurs, l’odeur de la pluie, l’odeur de Chinatown, l’odeur ignoble des ordures qui traînent.

Quinze ans. J’observe mes amies, avec admiration, nostalgie, je les photographie, j’arrête la fuite du temps. Elles m’inspirent. Jeunes filles en fleurs, insouciantes, elles s’épanouissent, inconscientes de leur potentiel séduction. Plus tard, mes séries mode sont le reflet de ce que je connais : (Kristina) (Nathalie) je romance une réalité, je rêve, j’imagine.

Adeline Mai (13)
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Kristina ne parle pas français, ni anglais, elle a 17 ans. Elle s’observe dans le miroir, sourit, aime le stylisme. Ça commence. Elle tente de comprendre ce que je ne peux expliquer, Kristina suggère, elle séduit naïvement. Je lui dit que je l’espionne, son regard change, je l’ennuie volontairement, je suis voyeuse (est ce un pléonasme de dire que je suis photographe et voyeuse ?). Notre jeu de rôle continue, je ne cesse de shooter, le bruit du capteur la rassure, elle est belle, tout va bien, et j’attends l’inattendu, sans lui montrer mon impatience, ce que je ne peux diriger, son rayon de beauté teinté d’érotisme. Oui! Il apparaît, tu es belle, oui, tu es superbe. Je l’encourage, elle continue, rentre dans le rôle, s’amuse.

Adeline Mai (11)
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Nathalie est plus jeune, elle a quinze ans, son père l’accompagne, la taille de ses jambes, son visage, comment pourrait on penser qu’elle est encore une enfant, dans un corps de femme. J’exploite sa naïveté, sa pureté, et cette chose inexplicable, animale. Elle me propose ; son corps n’est plus le sien, mais un outil qu’elle contrôle parfaitement, gracieusement. Nathalie me fait confiance, élance son corps avec spontanéité, imagine une chorégraphie, danse lentement…. Je ne réduis pas mes modèles à des simples silhouettes m’apportant une satisfaction photographique ; c’est Nathalie, Nathalie est délicieuse. Irresponsable de sa beauté, une franchise captivante.

Adeline Mai (10)
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Je grandis, mes photographies de femmes « ma femme » évoluent, mon jeu de rôle aussi. Cette fois-ci j’espionne Leona, elle joue le rôle de celle qui ne m’aperçoit pas. Un air boudeur, une timidité lui offre un e allure hautaine, nous sommes dans Blow up, au début du film. Je la surprends dans son jardin, de loin. Elle est parfaitement consciente de sa beauté, elle est plus âgée, elle a vingt ans.

Pause.

Adeline Mai (9)
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Ma vie continue, je la reporte toujours, mes photographies sont mon journal intime. J’ai coupé mes cheveux lors d’une insomnie : elle passe un mauvais quart d’heure, je profite de l’ivresse de mes amis pour les déshabiller dans une foret, il me menace de se suicider, de sauter par la fenêtre, je m’enfuis dans les Cévennes et trouve la paix. Les paysages ne m’inspirent pas, je n’aime pas photographier les paysages. Les humains m’inspirent, et c’est l’échange que m’offre la personne photographiée qui m’intéresse. Je n’aime pas les paysages.

Adeline Mai (8)
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Malgré leur beauté, malgré le sublime que la nature m’offre dans les Cévennes, je n aime pas les paysages. Je les imagine donc comme des courbes, les courbes d’un corps, et j’apprends à les apprécier, de jours en jours. Réconciliation.

Adeline Mai (7)
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J’aime mes réveils à ses cotés, je les idéalise, puis j’exploite le lit, les draps et les modèles masculins. Je retrouve doucement mon sommeil, et rêve de voler. Mes sensations paraissent réelles, mon réveil est violent, étouffée par l’air dans lequel je flottais: irrespirable. Une légère noyade, en douceur. Un rêve ou un cauchemar, une sensation inconnue. Voici ma série underwater.

Adeline Mai (6)
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La noyade ne se fait pas en douceur, la mort n’est pas encore là, j’imagine un coma profond, ou presque un coma dit « dépassé ». La mort n’est plus noire.

Il me déçoit, ma femme s’enfuit, puis s’abandonne.

Adeline Mai (5)
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La femme dans mes photographies se retrouve doucement, dans le noir dans lequel elle s’est plongée. “Joue avec ces lumières, tu es perdue, elles te guident” et Lucyna proposait l’inexplicable une fois de plus.

Ma femme joue avec les hommes, dans cet hôtel où nous shootons toute la journée. Il est seize heures lorsque l’attachée de presse vient nous dire que nous n’avons pas le droit de shooter une femme dénudée dans cet hôtel. Trop tard. Les images sont sur ma pellicule et je les conserverai.

Adeline Mai (4)
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Elle redevient séductrice, dominante, invulnérable.

Je me réconcilie avec les couples, j’admire mes duos préférés, mes amis en couples, mes couples d’amis. L’abandon des corps a une signification différente, le sommeil aussi.

Adeline Mai (2)
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S’endormir, c’est s’endormir seul, à cote de quelqu’un. C’est rêver seul, à cote de quelqu’un. « It’s sad to fall asleep. It separates people. Even when you’re sleeping together, you’re all alone. » (A bout de souffle) Ils sont collés, ils ne forment plus qu’une entité. Ils sont un. J’immortalise cette entité qui ne durera pas, ne sera plus dans le futur.

Adeline Mai (1)
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Les acteurs.

Ils sont parfois timides, presque gênés. Être photographe c’est devenir comique, distraire les gens, les mettre à l’aise.

– As-tu peur du vide ?

– Non.

– As tu peur d’avoir froid ?

– Non.

Iwan Rheon, qui joue un super héros (misfits), monte avec moi sur le toit du studio, à Londres. Une ambiance souvent plus calme, réservée, je réduis l’effectif autour de nous, l’intimité est plus agréable lors d’un portrait. Le bruit du capteur rassure encore, les acteurs laissent moins de morceaux d’eux même se faire absorber par la pellicule, et j attends encore l’instant ou je capterai un regard précieux.

 

Pour plus d’informations et de photos visitez le site de Adeline Mai.

Adeline Mai (3)
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Interview avec Olivier Roller /fr/2011/interview-avec-olivier-roller/ /fr/2011/interview-avec-olivier-roller/#respond Tue, 01 Mar 2011 08:47:16 +0000 /?p=4370 Related posts:
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Camera Obscura : Est ce que vous pouvez vous présenter ?

Olivier Roller : Je m’appelle Oliver Roller, photographe. Longtemps je n’ai pas osé dire que je l’étais photographe trouvant ça un peu « honteux ». Pour moi, le photographe c’était une personne sur les terrasses, qui ne savait pas quoi faire de sa vie et qui se disait photographe, pour aller voir les filles (rires). Pendant longtemps, j’oscillais sur la définition de mon activité. Et là, maintenant, j’arrive enfin à assumer au bout de plus de 10 ans le fait d’être ce que je suis. Mais je n’aime pas être résumé à un mot «valise». Le terme « photographe » recouvre des gens qui font des activités qui n’ont rien à voir les unes avec les autres, et donc pour être plus précis, je dirais que je fais des photos, je photographie «type de gens», une personne à la fois, et relativement près. Quant à mon parcours, j’ai tout appris tout seul. Un jour je suis rentré dans une boutique je suis reparti avec un appareil, que j’ai échangé et ainsi de suite. Quant à mes études, j’ai étudié la science politique et le droit à Strasbourg. La photographie c’est avant tout dire ce que l’on a au plus profond de soi.

Olivier Roller (10)
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Camera Obscura : Qu’aimez vous dans votre studio ?

Olivier Roller : La première chose, c’est qu’il est sur le même pallier que mon appartement (rires). Pendant longtemps j’ai travaillé dans mon salon. Le week-end, il y avait des ministres qui venaient, des grands chefs d’entreprise. Et naturellement, mon fils qui avait deux ans à l’époque, il voulait absolument faire une photo «avec le monsieur». Le ministre était là avec tout son staff, et mon enfant faisait les oreilles de lapins derrière son dos, donc du coup c’était moins crédible, moins professionnel. Mais moi j’appréciais beaucoup ce décalage. Ce que j’aime dans ce lieu, c’est qu’il est petit, à ma dimension : en 3 pas, je n’arrête pas d’arpenter ce lieu tout au long de la journée. Je peux faire mes photographies, les retravailler, collaborer avec mes assistants. On est dans cet espace ramassé où j’ai besoin, tout comme dans mes photos, de toucher les gens près de moi, d’avoir la bonne distance physique près de moi, d’être dans cette problématique. Être dans 500 m2 dans un loft, cela m’ennuierait.

Olivier Roller (9)
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Camera Obscura : Ou puisez vous votre inspiration ?

Olivier Roller : Sans doute dans des sources multiples. Je pense que, si je dois rapporter ca à mon passé, cela est rapporté à mon enfance. Je n’ai jamais connu mon père, il est parti lorsque j’avais 6 mois, et ma mère a tout jeté ensuite de lui (lettres et photos). Comme par hasard, je suis par la suite photographe, et je capture des garçons qui pourraient avoir l’âge de mon père, pour caricaturer. L’inspiration quelque part vient de là. Tout tourne autour d’une faille qui a eu à un moment donné, pour tout artiste. Cela peut être dramatique, à son niveau ou au niveau d’un événement historique. Mais pour chacun, il y a cette faille. La photographie est un langage, et que je me sers de la photographie pour parler.

Olivier Roller (8)
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Camera Obscura : Pouvez vous m’expliquer comment vous procédez pour travailler ?

Olivier Roller : Je travaille dans deux cadres différents. Dans celui de la commande tout d’abord. Mais je peux aussi travailler sur des projets personnels, et je vais solliciter des gens pour les convaincre. En définitive on arrive à la même chose : le photographe face au photographié, un face-à-face. Ce qu’il y a de formidable dans le portrait, c’est ce qui cela échoue, c’est de la faute du photographe. Dans le reportage, tu imagines comment la situation va se dérouler. Dans le portrait, la personne arrive et se demande ce que tu vas faire d’elle. Il faut alors prendre les choses en main. Moi, j’ai besoin d’un cadre qui ferme le plus possible l’image, un fond qui enlève le décor, de la lumière maitrisée. Les gens sont assis en face de moi, nous mettant ainsi dans une typologie qui fait que l’on ne peut pas beaucoup bouger. On est comme ainsi dire bloqués. A partir de la, j’associe cela en plus avec un temps de production qui est très court. Aujourd’hui je travaille sur le pouvoir, mais la naissance de ce travail vient du fait que j’ai toujours pensé que le travail photographique était une relation de pouvoir en elle-même. A un moment donné, le photographe doit pouvoir dire au photographié : « voila ce que nous allons faire ». Moi je n’ai aucune idée avant la photo de ce que je vais faire. J’ai toujours ce cadre, qui me rassure. Je vais rentrer en interaction. En fonction de la réaction et de mon état, la relation ne sera pas la même. La séance sera unique. Déjà, j’utilise un fond uni qui permet d’enlever le décor. Mes yeux ne vont pas que regarder les traits, je suis aussi attirer par tout ce qui est autour de toi. Si tu n’as rien autour de toi, avec un fond simple, tu te retrouves «coincé» sur le visage. Tu ne peux pas aller dans un détail qui va perturber. Dans mes influences, il y a les peintres de la Renaissance, et un truc que je déteste chez eux c’est tous ces éléments de symbolisme qui s’accumulent. Tous les éléments sont la parce qu’il y a une signification, mais je trouve cela trop encombrant. Si je fais des photographies, c’est parce qu’un j’ai lu une phrase du cinéaste Robert Bresson disait : «sois sur d’avoir épuisé ce qui se communique par l’immobilité et le silence». On est dans un monde du «zapping», où tout est en flux, et au final, ce que je retiens, c’est peu de choses. La photographie, c’est quelque chose de fixe, et qui oblige à regarder.

Olivier Roller (7)
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Camera Obscura : Est ce vous rêvez de photographier des personnes précises, un but précis dans tout ce que vous faites ?

Olivier Roller : Depuis un an, mon travail est de photographier le pouvoir en France au début du 21e siècle. Donc de décliner le pouvoir par des groupes de gens : politiques, publicitaires, financiers, etc. il y aura même une série de «conseillers». J’adore ce terme, il est aussi un mot «valise» qui ne veut rien dire. Et mon but est de résumer une société par ceux qui la dirigent, ceux qui ont une influence sur le chemin que prend la société et d’en laisser une trace. Dans mes travaux, je dois moi, photographe, prendre sur le pouvoir sur le photographié. Je suis d’autant plus à l’aise lorsque la personne en face de moi tente de me « faire faire » ce dont elle a envie. Si je dois provoquer, faire quelque chose pour que cela sorte, ca devient beaucoup plus intéressant. Donc, à chaque fois que l’on fait un zoom arrière sur ces «confrontations», au lieu d’avoir deux personnes, on est face à la société. Ça c’était mon idée de base. Ensuite, je trouve que dans une raison plus politique dans un sens noble, nous sommes beaucoup trop désengagés, et désinvestis de la politique. A un moment donné, c’est aussi pour questionner le fantasme des hommes de pouvoir. C’est un peu de mettre le doigt sur les fantasmes charriés. Je ne montre jamais mon travail avant qu’il ne soit fini. Les photographiés, j’ai toujours été honnête avec eux en leur proposant d’aller voir mon site internet, avec mes photographies personnelles. Quand ils viennent, ils ont vu auparavant ce que j’ai pu faire, et ils savent. Ils savent que cela fait parti d’un projet, pour un travail personnel. Eux, ne voient rien des photos. Je leur dis qu’ils vont recevoir, à la date de mon choix, une photographie qui sera exclusivement mon choix.

Olivier Roller (6)
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Camera Obscura : Avez-vous un projet dont vous êtes le plus fier ?

Olivier Roller : Je suis fier de rien, enfin, je doute constamment. Tu ne sais jamais si ce que tu fais est juste. Tu essaies simplement de te dire que tu fais quelque chose pour toi. J’ai plusieurs raisons de le faire, mais la principale je pense reste le fait que j’aime photographier les gens. Il ne faut pas chercher à trop savoir les raisons pour lesquelles on fait quelque chose. A un moment donné, il faut que je sente quelque chose, que cela me bouleverse. Après les photographies que je préfère, si je devais choisir, il y a d’un coté la première photo que j’ai faite pour moi, celle de Jeanne Moreau. De l’autre, les travaux sur les publicitaires m’ont marqué. Je n’en connaissais aucun et je n’ai pas d’intérêt pour la publicité, et ces personnages sont très touchants, ce sont des vieux « dinosaures ». Et ce qui m’intéresse dans le pouvoir, c’est qu’on peut le prendre comme une œuvre de puissance, et on peut aussi le prendre dans l’autre sens. En 2007, quand je photographie des ministres, c’est au moment où face à Sarkozy, la fonction de ministre est plus « un valet de chambre ». Je photographie aussi des publicitaires, alors que cela fait 20 ans que l’âge d’or de ce domaine est révolu. De même pour les financiers face à la crise. Là où ça devient intéressant, c’est lorsque la personne peut vaciller, et c’est ce que je recherche dans une relation photographique, réussir à capter ce qui est fort mais peut être aussi tangent.

Olivier Roller (5)
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Camera Obscura : Etes vous un grand consommateur de médias ?

Olivier Roller : Oui, je les mange. je lis toute la presse, le papier, le web, la radio, peu importe. Toutes les semaines je feuillette, je lis un article, je m’abonne. Tout n’est pas bon dans tout média, mais il y a des choses qui vont m’intéresser, d’autres non, je sélectionne. A défaut d’aimer quelque chose, rien que le fait de comprendre ce que fait une personne, cela permet de voir une certaine honnêteté chez la personne et de comprendre où celle-ci va. Je passe mon temps à me vider lorsque je fais des photos, et j’ai besoin de me nourrir après. Je lis aussi des romans, des trucs qui servent à rien, des livres parfois ennuyeux, et j’ai du mal à tout finir, mais au moins j’ai parcouru des pages. Et tout est formidable. Concernant Fubiz, à un moment donné, je pense que cela pourrait être intéressant d’avoir un peu plus de texte, quitte à ce que le texte ne soit pas au début de l’article. Mais cela revient à beaucoup de travail.

Olivier Roller (4)
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Camera Obscura : Pouvez vous me citer vote réplique de film préférée ?

Olivier Roller : Là, de but en blanc, non… Si, Bruce Willis dans Piège de cristal, qui est accroché à la façade. La réplique est ridicule en soi, mais c’est une grand brute qui saigne et il se dit «Think» (Pense). Le film, je ne l’aime pas du tout, mais c’est intéressant car la brute se met à réfléchir à un moment précis. Tu vois Bruce Willis, à ce moment, le personnage et en même la personne dans la vie, ce qu’il est, le pro-Bush, ainsi de suite, se dire «Think ». Mis dans le contexte, cela fait que c’est « grandissime », entre guillemets.

Olivier Roller (3)
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Camera Obscura : Quel est le moment que vous préférez dans la journée ?

Olivier Roller : Cela dépend des journées. Non j’en sais rien du tout. Il y a mille moments en fait dans la journée. Le moment que je préfère, c’est la fin des séances. Parce que quand ca c’est bien passé, c’est très particulier : comme lorsque tu fais l’amour avec quelqu’un pour la première fois, tu es nu et quand c’est fini, tu te regardes et te dis «il s’est passé quelque chose, qui aurait pu partir dans une toute autre direction, et tu ne sais pas comment te comporter». C’est cet entre-deux, ce moment à part.

Olivier Roller (2)
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Camera Obscura : Trois adjectifs pour vous décrire ?

Olivier Roller : (prend un livre) , un ami avait écrit sur moi , cela m’avait horrifié : « dans sa manière d’être, d’être face à l’autre, de bouger etc… sa manière de dire souvent «bof», qu’il s’en fout, qu’il s’en tape, je ne sais pas, etc…». Je ne sais pas ce qui pourrait me définir. Je dirais que je ne crois pas en Dieu, mais je suis baptisé protestant, et en vieillissant je me rends compte que je suis hyper-protestant, mais culturellement parlant et pas dans la foi. Ma photographie est plutôt celle d’une personne psychorigide et c’est ce que j’aime. J’aime l’idée d’épurer le plus possible. Au fond, cela se résume selon moi à la question : «Jusqu’où peut-on enlever ?». Donc pour les trois termes : protestant culturellement parlant, l’immobilité pour la photographie. Enfin pour moi, tout est toujours mêlé, et je prends indirectement des photos de moi. Souvent, ce que je fais depuis quelques séances, je mets le retardateur et je viens me coller près de la personne que je prends en photo, et de temps à autres c’est vraiment bien, et c’est le début d’un autoportrait.

Olivier Roller (1)
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